Un chapitre de l’immigration italienne à explorer : les Vosges
Petit-fils d’Immigrés italiens, Olivier Guatelli enseigne l’histoire-géographie à Neufchâteau.
Docteur en histoire, il a enquêté pendant plusieurs années sur les générations d’Italiens qui ont quitté leur région d’origine pour s’installer dans la montagne (Saint-Dié, Remiremont, Gérardmer) ou dans la plaine vosgienne (Epinal, Vittel, Neufchâteau).
Soutenue en 2002, et préparée sous la direction de François Roth à l’Université Nancy 2, sa thèse de doctorat en Histoire contemporaine intitulée « Les italiens dans l’arrondissement de Saint-Dié : 1870-1970 », a pour résumé :
« Situé au nord-est du département des Vosges, l’arrondissement de Saint-Dié a accueilli plusieurs milliers d’immigrés italiens de 1870 à 1970. Ceux-ci n’ont pourtant jamais représenté plus de 2 % de sa population totale, soit 2000 personnes environ.
Néanmoins, leur rôle dans l’économie locale a été bien plus important que ne le laisserait supposer leur faiblesse numérique. Aux maçons, terrassiers et « graniteurs » saisonniers arrivés entre 1880 et 1914, ont succédé dans les années 1920 d’autres ouvriers du bâtiment ainsi que des ouvrières d’usine, tous venus de Lombardie, du Piémont et de Vénétie ; après 1945, ce sont de simples manœuvres et des travailleurs peu qualifiés originaires du Midi italien qui reconstruisent les villes dévastées.
Certains immigrés se sont très bien intégrés dans la population locale et on acquis la nationalité française : dans les années 1930 comme dans les années 1960, la réussite sociale des entrepreneurs italiens est remarquable et leurs enfants ne se distinguent en rien des Français » de souche « .
A l’opposé, d’autres Transalpins ne sont restés que quelques années voire quelques mois dans l’arrondissement, chassés par le chômage ou la xénophobie des autochtones.
En effet, malgré une idée couramment répandue, malgré une proximité culturelle très souvent mise en avant, l’intégration des Italiens dans la population française ne s’est pas opérée facilement : dans l’arrondissement de Saint-Dié, ils ont dû combattre les préjugés, survivre pendant les dures années de la crise et de la guerre, montrer constamment leur bonne volonté et leur allégeance envers leur nouvelle patrie pour finalement être reconnus en 1970 comme de « bon Français ». »
Celle-ci est accessible en ligne, en version intégrale, à l’adresse suivante : http://www.theses.fr/2002NAN21022
Publié en 2008, son livre « Un siècle d’immigration italienne dans les Vosges : De 1870 à nos jours » tiré de la précédente thèse, se présente comme suit :
« Dans cette histoire humaine riche d’anecdotes et d’émotion, l’auteur relate la lente intégration de ces immigrés transalpins, l’originalité de leur vie à travers la famille, la culture, le sport… et leur remarquable compétence dans la réalisation de chantiers imposants (routes, canaux, tunnels, reconstruction des villes dévastées par la guerre comme Saint-Dié, Epinal, Charmes, etc.). Sans oublier l’adoption par les Français – et les Vosgiens – d’un mode de vie largement inspiré par la culture de la Dolce Vita depuis les années 1960. »