« Pas de chips au paradis » est une pièce documentaire, fruit d’un travail mené dans le cadre du 14ème salon du livre à Chaumont. Ce travail s’est fait en partenariat avec un réseau local constitué de maisons d’arrêt, de l’association Initiales, de l’école de la 2ème chance et du réseau social jeune. Claire Audhuy, historienne, auteur, et metteur en scène a animé des ateliers durant plusieurs semaines. Les textes ainsi élaborés ont fait l’objet d’un recueil ainsi que d’une représentation.
Extrait :
Moi, je déteste les serpents.
J’en ai toujours eu peur.
Et j’aime mon mari,
Plus que tout.
C’est comme ça.
Quand je l’ai rencontré en Guyane,
Ça m’a fait comme une main qui m’arrache le cœur.
Quand je l’ai vu, j’ai su.
J’ai su que ce serait lui.
J’ai compris mon cœur qui hurlait : « boum boum boum ! ».
J’avais jamais vécu ça.
Les autres choses que j’aime ?
Ben mon mari
Mon mari,
Mon mari…
Et les cappuccinos le matin.
Ça aussi j’adore.
De toute façon, c’est Dieu qui va décider.
Si je peux continuer à boire des cappuccinos avec mon mari
Et combien de temps mon cœur va encore faire boum boum boum.
Bon, moi au moins, je sais qu’au paradis,
Je parlerai pas au serpent.
Ben oui, le serpent, quand il viendra me tenter,
Je lui répondrai même pas
Comme si j’l’avais pas entendu.
Je le laisserai avec sa pomme !
Et je suis déjà au courant de comment ça va se passer.
Si !
Si, si !
Je le connais déjà le menu là-bas.
On est obligé de manger que des fruits et des légumes,
Et on oublie juste la pomme.
Le seul truc pas chouette,
C’est qu’au paradis,
On va manquer de saucisses et de chips !
Ben oui, parce que Dieu, il veut pas qu’on ramène des choses du monde d’en bas.
Il créé le paradis, donc c’est parfait.
Point.
Et c’est pas pour que t’y ramènes des choses en plus.
De toute façon, y a que Dieu qui décide.
Il est au-dessus de nous.
Donc en fait, t’es déjà content si t’es au paradis.
Ça veut quand même dire que tu y es pour tout le reste de l’éternité.
Ça fait plutôt pas mal de temps ça.
Donc, pour les chips goût paprika,
Faudra que je me dépêche d’en manger d’ici là